Un pas au dehors, et une bouffée de chaleur, suffocante, s’infiltre dans
le dedans de vos poumons. Il fait chaud, de cette chaleur supplémentaire qu’on
voudrait piquante, comme prendre une douche brûlante quand il faut déjà chaud,
comme un lourd édredon qu’on rajoute sur sa couverture de laine l’hiver. Ne
serait ce que pour sentir le poids de la lourdeur. La chaleur tape directement
sur votre peau, dessine le contour de votre corps, le découpe de l’air ambiant,
vous détache du décor. Pas âme qui vive dans Paris, les perspectives sont exacerbées
par le vide régnant, le vent s'engouffre dans les artères emportant avec lui
quelques détritus encore présents sur le sol, et la poussière. Si bien qu'au croisement il ne serait pas choquant de voir surgir une pelote de paille roulant, poussée par le vent. Moi marchant au
milieu de l'avenue (du Général de Gaule), sac en main, comme un cow-boy prêt à
dégainer son pistolet.
Le métro, je suis seule dedans avec deux bonnes sœurs de
dos, et un asiatique qui tient fermement sa valise. Il n’y a personne mais j’ai
peur qu’on me la pique, ces parisiens ! On entend parler anglais allemand,
espagnol, suédois dans les dédalles. Un groupe, vraisemblablement des
provinciaux tout puceau de paris qu’ils sont, se déplaçant en bande, perdus sur
le quai de la 7 : direction Villejuif-Louis Aragon. La patronne, madone à
l’embonpoint certain, interpelle le quidam sur le quai d’en face de sa gutturale
voix : la 6 passe par ici ? Il y avait 7 écrit juste au dessus de sa
tête.
La salle, derrière un bout de soleil, petit enclave dans la
chaleur, portes ouvertes : anormalement vide, anormalement propre, même
les traces de brosses comme un tableau mal effacé étaient visibles sur les
tapis. On pouvait passer sa main sur les containers à pof, il n’y avait que le
swing de la musique ambiante pour s’infiltrer dans vos oreilles, tel
s’éveillant le bébé endormie, un cueille le jour dans votre main.
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