jeudi 28 juillet 2011

Floor of the forest @Düsseldorf

J'étais partie sans but aucun. Enfin si, un seul et unique dessin, d'aller voir cette fameuse adaptation de Martin Schläpfer, ein deutsches Requiem. Je m'étais dit, pour le reste, laissons l'affaire au sort, laissons le se débrouiller seul. Et finalement, son rôle a été plus qu'admirablement rempli: ce qui était n'a pas eu lieu et ce qui sera était follement mieux.
Telle une feuille a la surface de l'eau, j'ai vogué de par la ville libérée du poids d'une conscience plannifiée.


Je suis descendue un peu perdue, il me fallait un plan. Il y avait des fontaines argentées à la sortie, une horloge endormie et le ciel gris. J'ai pris à gauche avec le sentiment que de tout façon le soleil était absent.



caniche blanc toiletté "à la lion"
Il s'est mis à pleuvoir, j'ai failli rentrer en collision avec un caniche blanc toiletté "à la lion".  Le regard noir de son maître me foudroya et je me suis dit alors, Edward je voudrais là maintenant avoir tes mains d'argent! Je te l'aurais toiletté ton caniche!


Une marche longue jusqu'au centre: j'ai trouvé la ville disgracieuse, hostille, aussi triste que le ciel au dessus de ma tête. Enfin arrivée, on défilait tambourinant et trompettant à tue tête, à pied ou à cheval, laissant des traces aux douteuses odorités sur le dallage du centre maculé. Cette parade me conduisit inconsciemment vers la grande fête de la France.  En un instant, j'étais de nouveau à Rennes, sur le marché du samedi matin, une odeur de galette-saucisse planait, piégée par les nuages bas dans le ciel. Galettes-saucisses, fromages en tout genre, saucissons-vin, herbes de provences, macarons-éclairs, plus que la France, on y trouvait même de l'absinthe! Je me suis achetée un Sagan pour un euro, parce que j'avais envie, genre de faire oui, moi, je lis le français couramment dans le texte. Les irréductibles avaient toutefois de quoi ses sustenter: la traditionnelle curry-wurst et l'indécrotable bretzel avait une place, certes une peu recluse, mais bien présent tout de même. La France ok, mais pas de Volkfest sans ses inconditionnels! J'ai alors pensé que le steak aux herbes de provence certie d'un brotchen était le meilleur compromis.



Floor of the Forest - Trisha Brown
Ecoeurée par la foule et l'odeur de la France un peu trop forte aux abords du Rhin, je me suis dirigée vers le quatier des Kunsthallen. Jour de performance, l'inauguration de l'exposition Move.  Des danseurs sortent de vêtements, y rentrent, s'y callent quand ils ne s'y coincent pas. Prennent des postures empruntées à la danse contemporains tout en jouant, horizontalement  à dés-habiller leur corps. Inhabituelle élévation esthétique de cette pratique quotidienne. Alors cette phrase, slogan d'une marque bien connue m'est revenue "A quoi ça sert d'avoir des vêtements si on peut rien faire dedans... " C'était ça, faire dans des vêtements, danser "dans" des vêtements.



A l'entrée, scéance de hula hoop improvisée, chacun y donnait de son ventre, à coup de hanche et de balancement de tête, en avant en arrière, hop.



The fact of Matter - William Forsythe



La traversée du hall se faisait via des anneaux suspendus, où la pesanteur ne nous aura jamais paru si éprouvante: que le corps est lourd, ce qu'il faut faire d'effort pour le supporter, pour l'orienter sans qu'il se laisse aller. Le mouvement gêné par son propre moteur, la conscience doit sans cesse l'empêcher de s'égarer.










Green Light Corridor - Bruce Nauman



Il n'y avait plus qu'à s'évader dans le vert pomme néon du couloir étriquée qui s'offrait à vous au milieu de l'exposition. Submergé par cette couleur, le déplacement ne pouvait se faire que de côté. La peur du vert pomme, la première fois que je la ressentais. Un trou vert néon, le néant.





Du coup, je ne suis pas allée à l'oper, tout façon, il n'y avait plus aucune place: une vieille morue était placé à l'entrée prête à vous sauter dessus si le mot place vous échappait. Il fallait mieux rester sur ces arrières, au risque de se faire étrangler par ces longs doigts de sorcières.


A la gare, mon envie de verte pomme a resurgit. Je me allais m'acheter une fleur de douche massante de la dite couleur. Rassurer le fond de son soi-même, dans la couleur de son fati erratum. "Le hasard a des intuitions qu'il ne faut pas prendre pour des coïncidences". Chris Marker, c'est vous qui l'avait dit, bien avant moi.

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