mardi 9 août 2011

Océan d'amertume


Tel aurait pu être le titre traduit en français. Un film sur une relation. Mais bien loin du joli cliché de la comédie romantique d’un après-midi d’été. Il s'agit ici de sa dissolution, de son effritement par le passage du temps, de sentiments qui se meurent à petit feu. Mais O combien il est difficile de l'accepter et d'avoir l’esprit assez lucide pour pouvoir se dire que tout ce qui a été n’appartient plus qu'au passé ! Surtout quand les braises sont sans cesse ranimées par des souvenirs oubliés.


Un film vrai, authentique et extrêmement cru, aussi bien dans la description des sentiments qui animent ces protagonistes, que dans leurs retranscriptions physiques, à l'écran. Tout n'est pas dit, des ellipses parsèment l'histoire de cet amour discontinu. Assez pour se questionner, interpeller les fondements de notre esprit d’homme occidental (car oui, il s’agit là de fondements sociaux occidentaux, trop fortement de mon point de vue, car, autres traditions, autres mœurs et autres conceptions de la vie) : jusqu’à quel point peut on faire confiance à ces sentiments? Peut-on bâtir une relation uniquement sur leur seul fondement si aucun socle commun, bagages sociales et culturelles, n'est présent? Car on touche ici le noyau d’une passion qui s'éteint: s'il n'y avait rien d'autres, pour l'enrober un peu, lui donner de la consistance, le moindre maux lui est fatal. Rien ne peut plus rapprocher, rien ne peut plus être partager: les corps qui ne s'aiment plus s'en prennent aux êtres qui finissent par se détester  Quelle duperie ! On se joue de nous, on nous manipule, et il s’agit nos propres sentiments, de notre propre nous-mêmes! Et quoi, il faut bien croire que le seul nous que nous puissions contrôler réellement est notre propre raison. Mais dans ce cas présent, peut-elle vraiment se faire entendre? Peut-on prendre en considération des faits réels qui eux resteront? Comment une chose aussi mystique que l'amour peut il y faire appel? Combien de variables faudrait il prendre en compte? Une telle hypothèse est simplement inconcevable! Surtout que le corps, lui, ne l’accepterait jamais. Il ne faudrait qu'être une machine à procréer! Il n'y a donc plus qu'à consentir, consentir à la fragilité de toute relation, ne pas construire trop fortement, pour que l'écroulement est lieu en souplesse, sans trop de dégâts, sans entraîner les bas côtés et les proches habitations. Et la place de l’enfant dans tout ça? Leur pauvre petite fille, que va elle devenir? Ne pas bâtir trop fortement signifie t il renoncer à avoir des enfants?


Voici toutes les questions qui traversent ce film sans jamais y donner de réponse. Car Derek Cianfrance se garde bien de toute analyse psychologique : seuls des faits, des menus faits qui craquellent puis déchirent, complètement, l’édifice commun. Un film déboussolant, déboussolant nos principes moraux, sociaux, d’une ère révolue, celle du couple unique d’une vie unique, celle que le judéo christianisme a inculpé à notre société depuis des centaines d'années.

PS: En parlant de machines, voici une petite histoire derobot déchirante, et déchirant!

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