samedi 4 juin 2011

"ich bin klein, ich bin süß, ich bin niedlich, ich bin ein klein süß niedliches Dinge" @Wuppertal

Wuppertal. Je me devais d'y aller.Forcement. Parce que plusieurs choses (c'est d'ailleurs assez surprenant de voir ainsi s'accumuler les situations, petit peu par petit peu, au grès du hasard ou par quelque volonté inconsciente, pour nous transposer délicatement à destination) :

- Déjà, c'est la ville de Pina. Pina Bausch, la chorégraphe allemande par excellence, dont le travail artistique de mise en scène est incomparable. De l'expression à danser ou l'esthétisation du quotidien, tel pourrait être la définition de ce mot inexistant en français: le Theatertanz. Tout simplement conçu pour ces créations, il ne désigne ni théâtre ni danse mais de quelques formes qui se trouvent entre les deux, un savant mélange de grâce et d'action pour une réflexion sur la forme du fond. Donc, pour l'occasion (s'il en fallait une) je suis allée voir "Two cigarettes in the dark". Car, s'il y une chose qui a influencé le travail de Pina, c'est bien sa ville, Wuppertal. Et pour pouvoir la "spuren" et la "spüren" dans toute sa complexité, rien de tel qu'un petit bouillon pré-incantatoire. O pour une surprise, s'en fût une: un dépassement de la danse encore plus prononcé que ce que j'avais pu voir jusqu'à présent ("le sacre du printemps" et "Cadé Müller" ndlr). Une pièce totalement hilarante, loufoque, souvent grotesque, voir ubuesque. Elle se moque, oui toutes les névroses, tiques et traits d'humeur sont là, grossis, ridicules, se succédant sans rapport aucun, ce qui nous plongent au milieu d'un jeux à la plus absurde issue, puisqu'il n'y en a pas. La folie des hommes se joue devant nous. Pleine de cynique noirceur, Pina déesse de la clairvoyance, tu nous livres l'abominable spectacle du pauvre état de la condition humaine, esthétisé! Trois heures durant, mais jamais trois heures n'auront jamais passé si vite, n'auront été si drôles, ne nous auront tant interpelé. Le tout, articulé avec tes gestes, Pina, si précis, si intenses, si gracieux, un langage qui vaut à lui seul toute l'esthétique de l'art rhétorique. Ce n'était qu'un ainsi..
_ C'est LE lieu de prédilection de Wim wenders, notamment pour le tournage de son film Alice in den Städten (outre Pina, le film, évidemment!). Alice, abandonnée par sa mère cherche à travers Wuppertal la maison de sa grand-mère, avec un étranger aussi perdu qu'elle. Cette grand-mère n'a ni nom, ni adresse, ni visage. Il faudra la deviner. Ou plutôt deviner l'emplacement de sa maison. Wim Wenders dessine ici la ville dans son incroyable monotonie, mais jamais dans sa globalité, toujours par fragments, juste assez pour donner envie... le paysage de la Ruhr s'offre à nous. Longues seront les virées sillonnant cette ville, une errance sans but car cette grand-mère, en fin de compte, n'y aura jamais vécu..
Il faut préciser qu'Alice, notre héroïne, parle avec le plus bel accent du monde: l'accent allemand. Vous me direz, c'est bien normal, c'est un film allemand! Mais là, c'est autre chose, une façon d'accentuer les phrases, toujours au bon moment, d'une voix un peu trainante, qui rebondit. Une texture qui ne se rencontre que très rarement.

pendelnde Schwebebahn
_ Le Schwebebahn, monorail qui arpente la ville en suivant le lit de la rivière Wupper. Paticularité: il pend, littéralement. Étrange que cette sensation de flotter tout en étant suspendu, car oui, il ballote dans les airs, il y a même cet écriteau au dessus des portes qui vous prévient au moment de sortir: "Vorsicht bei der Abfahrt, die Bahn pendelt".
Un bateau volant, encore mieux qu'à Disney car ici c'est pour de vrai. Je me suis alors dit que vraiment, pour un conducteur de métro, finir sa carrière en conduisant le Schweby, c'était trop la classe. On pourrait rester dedans à faire des allers retours, car en même tant que de sillonner la ville, il nous la montre. Riches sont les abords de la Wupper, pure architecture de la ruhr. A chaque nouveau passage, un autre détail: les tours des anciennes manufactures textiles émergent une à une, les maisons des quartiers ouvriers alignées se détachent, l'architecture du 18ième de son Langericht se dessine, du 17ième de ses églises se précise, les tuyauteries de ces grands fours que sont les actuelles industries nous encerclent, les jardinets à même la Wupper se démasquent, et des pingouins perchés sur les toits becs tournés vers le ciel vous saluent. (oui, j'avoue, je me suis un peu perdue aussi). Tuffi, car il faut en parler, y a fait également sa légende. L'éléphant du cirque Althoff, qui jadis (en 1950 pour être plus précise), fût embarqué de force par son propriétaire pour faire un tour de propagande (c'est quand même mieux que la vulgaire voiture à haut-parleur). Effrayé par ce mouvement en hauteur, il sauta par la porte à la première station venue et plongea la trompe la première dans la rivière, profond de seulement 50 cm, aïe! Heureusement il s'en tirera avec juste un bobo au popo. Mais quelle idée, un éléphant! La prochain fois j'apporterai mon Pagou! McDaniel, totalement fasciné par l'évènement, lui dédira même une chanson. Près de Adlerbrücke, à bien faire attention, on verra Tuffi nous invitant à le rejoindre, dans la Wupper!

_ Son hôtel Amical, parfumé aux muffins vanille-amande-abricot (sisisi). C'est bien simple: ils sont partout. Sur la table, dans l'armoire, sous la chaise, dans la douche. Tous accessibles et comestibles! Miam, la chambre fût donc à croquer. En plus, elle était "by flowers" (rouge, blanche, coquelicots). Si c'est sur über tout ça!

Il ne vous reste plus qu'à y courir, bien vite!

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