mercredi 28 avril 2010

« Avec quoi fabrique-t-on le beurre ? »


" _ Du poivre, surtout, répondit la cuisinière.
_ De la mélasse, lança une voix endormie derrière elle."


Rassurez vous, je n’ai nullement l’intention de poursuivre ce poste sur le pourquoi du comment du barattage du beurre et de la fuite de son babeurre. Je souhaite seulement vous faire part d’une surprenante découverte : Lewis Carroll est émotionnellement affectée par le beurre ! Si si, absolument. Il suffit pour s’en convaincre de lire Alice au Pays des merveilles suivi de La traversée du Miroir : tous les chapitres en sont imbibés, elle en a mis des tartines, c’est le cas de le dire ! (dorénavant, je ne touche à mon livre qu’uniquement munie d’une pince à beurre, un dérivé sexy and catchy de la pince à sucre).



Et j’entends bien donner des preuves de mon accusation (la découverte de cette ubiquité lactée n’est pas nouvelle, Wald Disney avait su la déceler et judicieusement la transposer avec la création du « tartine-beurré »)

- Il se trouve que dans l’univers carrollien, outre que les montres indiquent le jour du mois et non l’heure, elles se remontent au beurre ! Quoi qu’en dise le Lièvre de Mars, un beurre de premier qualité est une condition nécessaire mais aucunement suffisant : il faut surtout éviter de l’étaler avec le couteau à pain, des miettes pourraient compromettre le mécanisme !

- Figurez-vous qu’un des passe-temps favoris de la Reine de Cœur, après le croquet et la décollation de ses sujets, n’est autre que la fabrication de motte de beurre ! D’ailleurs, bien mal en a pris au pauvre petit valet de cœur d’en voler une !

- Le chapelier, lui, est condamné à prendre le thé, et les tartines de beurres associées, ad vitam aeternam ! Que voulez-vous, ça lui apprendra, s’il n’avait pas massacré le temps en chantant « Twinkle Twinkle Little Star », ils ne se seraient pas disputés, et il ne serait pas toujours l'heure du thé! (qu'il a commencé je crois bien le 14, ou le 15 à moins que ce ne soit le 16 du mois de mars, enfin, juste avant que le lièvre devienne fou)

- le Charpentier s’est fait bougrement avoir par le Morse à cause d’un beurre trop épais difficile à tartiner sur son pain ! Adonné à cette fastidieuse tâche, le morse en a profité pour gober toutes les huitres.

- Et puis il y a le premier messager Lyaifvre, qu’Alice aime pas L ("j’aime mon ami par L, parce qu’il est Libre. Je le déteste parce qu’il est Laid. Je le nourris de Lard et de Lierre. Il s’appelle Layaifvre et habite à..."), qui s’avisa de chuchoter en hurlant à l’oreille du Roi Blanc. Le roi le menace de se faire beurrer s’il lui prenait de recommencer (va-t-on savoir en quoi consiste un tel châtiment??). Le deuxième messager (pour le retour cette fois), Chaspe-Liée, se console largement de sa sortie de prison en buvant du thé accompagné de tartines beurrées, car il faut savoir que, là-bas, on lui donnait pour unique pitance qu'une une poignée de coquilles d’huitre ! Il a donc grand-faim et grand-soif.

- Enfin, dans l’étrange chanson que lui conte le cavalier rencontré avant la huitième case (où Alice, à son grand damne, deviendra reine !), un vieux vieillard affalé sur une barrière énumère les moyens qu’il a inventé pour s’alimenter. Et il lui est arrivé de déterrer des brioches au beurre. (lui aussi il veut se teindre les cheveux, mais en vert)

A mon avis, Lewis Carroll a dû faire des orgies friand-pâte-feuillé-kouign amann étant enfant, ou bien serait ce le syndrome de l’odeur de frangipane transpoté au beurre ?
A moins que cela ne serve à produire quelque chose ?

"la roue de la frémissante conception de la viande tourne dans le vide procréant les tics, les porcs-épics, les éléphants, les hommes, les nébuleuses, les idiots et la crétinerie"

Les clochards célestes, Jack Kerouac





Après tout, si ça marche avec la viande, celle de la conception du beurre pourrait bien procréer les toves 
, les borogoves 
, les Fausses tortues, les chapeliers, les mot-valises, les fou-aliés et l'absurdité?

jeudi 15 avril 2010

les Yeux noirs, cheveux bleus

Bleu. Je VEUX me teindre les cheveux en bleu. De la couleur de cette note que Delacroix et George Sand croyaient entendre chez Chopin « Et puis la note bleue résonne et nous voilà dans l’azur de la nuit transparente… » écrivait George Sand dans Impressions et souvenirs. A moins que ce ne soit celle de l’appel des ombres brumeuses hadèsiennes que Kundera évoquait si bien dans le livre du rire et de l’oubli « La douceur de la mort à une couleur bleue ». Perséphone aspirée par la terre. Un « Es muss sein » extrêmement léger...

Ou simple lubie de moi marquée à jamais par la stylistique cinématographique Kubrickienne ?

Et puis zut, les yeux, c’est tellement banal… Alors que les cheveux ! D’abord, je ne suis pas la seule : déjà, il y a une Tsé-Tsé (faire un tour ici, une impression de logiciel éducatif qui nous faisait cliqueter partout avec des tits bruits mi organiques mi synthétiques). D’ailleurs, si un jour j’achète un vase (je dis bien si un jour, parce qu’un vase, c’est bien le truc qui sert à rien, genre le cadeau complètement stérile que t’offre à ta belle-sœur), ce sera leur magnifique vase d’Avril (parce que lui, il les détruit, les bouquets !)



N’oublions pas Princesse connard, reine de la musique électro nippone qui chauffe régulièrement la piste du Trash Kawaii Klub avec sa spécialité : le Kawaï Hardcore (un cocktail de raretés nippones pour érudits sauvages). Hélas, j'ai pas la preuve photo du bleu de ces cheveux.


Bien sûr, Kate, dans son Eternal Sunshine, qui change de cheveux comme de chemise…
























Et le cultissime Barbe Bleue! (je le mets dans la catégorie, même s'il n'avait de bleu que la barbe). Je me suis toujours posée la question du rôle bleu de cette barbe dans l'histoire. Épouseur à toutes mains, d'une cruauté sadique, a la férocité digne d'un empaleur...comment le bleu peut il en être la cause? (A moins qu'elle ne soit en réalité pas bleue mais noir corbeau, un noir tellement intense qu'il tirerait sur des reflets bleutés?)




C’est bien beau tout ça, mais il ne faut pas amalgamer les bleus. Il y a bleu et LE bleu. Il doit faire tout son effet, il faut cerner le bon, aguerrir son œil… Le problème une fois endurci, on ne voit plus que ça (limite si je ne crierai pas en pleine rue : c’est bleu (CE bleu)! Il surgit dans des lieux tout à fait inattendus: un crédit bancaire , chez certaine chenille (Jésus, ça m’a l’air très saugrenue)…un peu trop papillonnant

parce que j’ose pas écrire Avatar, mais c’est pourtant le bon bleu




…un blue lagoon, histoire d’encaisser ?





Parfois, les pouces s'y mettent




















A ne pas confondre avec celui d’Yves Klein, même s'il en est très proche


















ou Ruscha, encore plus proche
















C'était seulement quelques exemples (avertissement: la pigmentation de la toile ne rend absolument rien de CE bleu, il faut le savoir)


Je ne peux pas.

Il faudrait des yeux noirs pour aller avec.