lundi 30 août 2010

Self in other

Une image, mais une autre. Illusion de la représentation. L'hyperpixelisation comme moyen de substitution: tel une dichotomie des sens, deux champs lexicaux se confrontent ou se complètent à la manière d'un vieux couple, esquinté par le temps.



Quand l'héritage culturel pakistanais apparaît n'être qu'un assemblage hétéroclite d'affiches publicitaires. Désireux de remettre sur le droit chemin un intérêt publique trop longtemps porté à saturation et dont l'abstraction est plus que volontaire ou dénonciateur de l'avancé mercantiliste de l'art?

Où les tapis orientaux sont le fruit d'une juxtaposition ordonnée de corps animaux déchiquetés. Pamphlet contre l'exploitation insensée de Mère-nature ou mise en exergue des vertus transfiguratrice du regard de l'artiste?

De l'image paisible d'un océan agité ressort des monceaux de déchets. Symbole de l'étendue du consumérisme ainsi que de sa non-maîtrise?

Que penser de l'acclamation populiste de l'Armée Nationale constituée par un amas de photographies empruntées au cinéma pakistanais sinon l'indicible ironie d'un unanisme patriotique?



Les objets ont leur forme propre. Imaginons-les réduits à l'aspect le plus minimaliste de leur représentation. Que leur reste-t-il? Une conformation géométrique tridimensionnelle parallélépipédique.
Superposons alors à cette réalité tronquée l'image bidimensionnelle du superflu économisé. Voilà l'objet à l'intégrité retrouvée: notre monde ne serait-il que simple papier-cartons colorés?



Je terminerai sur l'Art, en particulier sur l'Origine du monde de Courbet. N'y voyez aucune perversité. Réinterprété par des clichés de boucherie humaine, de causalité terroriste ou meurtrière, il invoque irrémédiablement une complicité de cruauté charnelle, de désirs intérieurs (sexuels ou endoctrinements sacrificielles) se tournant vers l'extérieur (art ou innocentes victimes).



Désenchantante illusion, une exposition remarquable par sa pertinence avec un monde, si familier soit-il, qui nous est en permanence falsifié, préconçu avant d'être conçu.

mercredi 18 août 2010

Le retour de Tarzan

"Mon image sort de la ville/ Ôte ses vêtements/ Et part à la recherche du paradis perdu/ Elle mange l'herbe/ Elle boit la source/ Elle lèche l'écorce/ Elle suce le germe/ Elle mâche la graine/ Elle démêle le poil/ Elle lisse la plume/ Elle caresse le duvet/ Elle écrase les fruits contre ses seins/ Elle épand le sable sur son ventre/ Elle glisse les poissons entre ses cuisses/ Elle excite le singe/ Elle apprivoise le lion/ Elle passe ses nuits avec Tarzan/ Peu à peu elle perd la parole/ Puis la mémoire/ Et enfin la raison/ Qui l'aime se démasque et la suive!"

Evelyne Axell

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jeudi 12 août 2010

Qui est la femme et qui est l'oiseau?

Ce pourrait être le point, ou la ligne. Un entrecroisement palpablement tangible. Non, que dis-je, la surface même, bleutée. Il y a quelque chose, comme si, toute la substance cachée d'un être s'y trouvait projetée en filigrane: une rencontre avec ce qui ne peut être nommé.

Délicatement épuré, comme un effleurement, un ensemble sublimé où toute superficialité aurait disparu. Oui mais pourquoi, me diriez vous? "Atteindre le maximum d'intensité avec le minimum de moyen". Oui, c'est par parce que ce vide est que l'immensité poétique peut s'y confronté, que l'imagination peut y être "fécondée".

De ces objets, statiques en apparence, jaillit une mobilité sans fin, une danse entre l'infiniment grand et l'infiniment petit.

"[...] un rêve où l'on se trouve à la fois assister de l'extérieur à toutes sortes d'évènements extraordinaires, et demeurer silencieux en plein centre, avec un moi raréfié dans le vide duquel tous sentiments brillent en bleu comme dans des tubes incandescents." Robert Musil, L'homme sans qualités

Voilà Mirò tel que tu m'apparais.

lundi 9 août 2010

le pays des "grosses pierres" *

Le vent iodé aux odeurs goémonées nous assiège dès l'arrivée, comme l'assurance d'un caractère terriblement et définitivement breton. On se demande si les mouettes n'y trouveraient pas de célestes calories inexploitées tant leur acharnement à s'y confronter est grand.

Palourdes, bigorneaux, crabes, langoustines, le vivier en conchyophile nous régale de ses trésors . Au détour d'une rue, la Cour d'Orgères avec ses confitures insolites et coquines (concombre-groseille-gingembre) et ses glaces exotiques (cactus et pêche de vigne) ébaudit nos papilles gustatives. Sans oublier, le marché, aux couleurs bariolées, paradis des sens morbihannais.

Je me suis essayée au char à voile, savant mélange de vélo et de voile. Cette allitération labiale s'impose roi des plages gigantesques que la mer temporairement libère.

Et voilà que les discussions arrosées aux crépuscules s'étiolent: les nanoparticules des slips déchirés offriront elles une possible absorption d'eau par la voûte plantaire?

Idiosyncrasie sera le maître-mot.

*Et quelques allemands s'y sont égarés.

vendredi 6 août 2010

une troisième réponse

Hadewijch, du nom de ce cloître d'Anvers, où, une obscure nonne flamande avait dépeint ses visions de la quête de l'Amour divin par l'extase et la sensualité.

Désir charnel, si intense qu'il se nie: son corps lui fait mal. Elle aime le christ comme un homme. Et il lui manque, physiquement.
Suprême difficulté de soustraire le corps de son être.

Aussi rigide que l'ascèse est menée, la frigidité du corps demeure impossible. Elle résiste.
Les âmes devraient pouvoir se toucher.

Il fallût des mort, frôler sa propre mort pour se réconcilier avec ce corps.

Une deuxième réponse

Au fond d'une cour, ancien hôtel particulier, le parquet craque. La salle est grande, presque trop, je suis seule... Au plafond, des dorures effilochées subsistent comme témoins expérimentés des affres du corps soumis à d'intenses labeurs. Et il y a cet anneau clouté, suspendu, comme un appel à la corde où seul l'écho bleuté du centre GPPD de la fenêtre répond.

La musique commence, les boucles s'enchaînent, le 8 en sera l'ossature.

Le corps s'ébranle, dans le temps se déploie, s'intensifie: un autre je doit apparaître. ne plus penser seulement compter. La raison n'aura plus sa place. Et le bandolion prendra vie.



Il y a monsieur le musicien, petit et bedonnant, les cheveux gris-mer-tourmentée improvisant avec brio. Fin connaisseur parisien, un soupçon de mépris illumine son visage quand il parle: Et qui n'a jamais vu l'architecture interne du théâtre des Bouffes du Nord.

Il y a monsieur le chorégraphe, élancé, beau parleur italien, les yeux verts cheveux roux: Massine, c'était un russe aimant le kitsch de Broadway. Adieu théories épineuses, il nous faut copier, le corps sera l'adopter.



Je comptais, ils comptaient, nous comptions et le corps suivait.



Au loin, Bagdad Café s'enorgueillit. Un hommage à Béjart.