mercredi 29 septembre 2010

Maisdare in blue

Le Bleu, ce bleu, à nouveau, j'y reviens. C'est inévitable, puisque tout est bleu. Un indubitable recommencement, à croire que je finis toujours par revenir au même point, "comme un bateau au gouvernail tordu". Il en a fallu peu, un simple visionnage de Mulholland Drive. Et sa clé bleu, sa boîte bleu, l'embout du haut-parleur de Adam Kesher sur le tournage bleu, la hiératique spectatrice de la première logée coiffée d'une perruque bleue, et la scène finale, celle d'un Silencio illuminée de bleu. Bleu, du désir de la mort, véritable conciliateur capable de faire apprécier la violence de cette dernière sous la douceur du rêve. Kundera, je le rappelle, l'avait déjà dit "la douceur de la mort a une couleur bleue". Les Adam Kesher l'ont bien compris, eux aussi, et l'ont même entrepris (ici)

Et donc, ce bleu, a repris son apparente ubiquité dans ma vie. A nouveau, je le vois, partout:
Wangechi Mutu, et ses nattes bleues ,Yves Saint Laurent, et sa Villa Majorelle à l'élégant crépis bleu, ou encore, ceci:


Là, c'est à vous de deviner. Un indice: rêvez bleu.


Tout est bleu. (jeudi et o aussi)

jeudi 23 septembre 2010

"Survivre, après tout, c'est sans cesse recommencer à vivre"

En ce mois de septembre estival, il se pourrait que le film documentaire supplante de loin le reste de ses commilitants à l'affiche. Certes, Les amours imaginaires de Xavier Dolan et l'Homme au bain de Christophe Honoré (tant attendus par moi-même) ne sont pas encore sortis, mais ils attendront octobre pour être jugés. Voici donc les sélectionnés:

Entrecoupé par le suivi de la vente de sa collection privée, Pierre Bergé raconte, par bribes, ce qui fût l'étoffe d'un génie. D'un génie, j'aurai tendance à dire comme ce qui caractérise tout génie, au psychique extrêmement fragile, d'une intense sensibilité. Visionnaire d'une époque "Avant Turner, il n'y avait pas de brouillard sur Londres" , tout est dit. Mais, loin d'être un simple portrait, c'est la révélation d'un soutient, véritable pilier de l'ombre qui surgit: celui d'un amour fou qui a tout permis.
_ un idéal de bonheur?
_ un lit, bien rempli.
_ une mort parfaite?
_ dans ce même lit...bien rempli (sourire, celui d'un enfant qui ne sait pas mentir après une grosse bêtise).
Les réponses d'Yves Saint Laurent au questionnaire de Proust.
J'eus l'impression de voir Sagan...
"Un savant contraste entre sublime (des demeures, des créations, des collections) et dépression qui fait tout le sel de ce film émouvant". Très bien dit!

Montage de plans documentaires, d'archives et d'extraits de films par le jeu d'un judicieux entremêlement de récit à la fois historiques et humains, c'est le portrait d'Enzo, récidiviste forcené aux moustaches à la Wallenstein, et sa compagne transsexuelle Mary, qui remonte à la surface, comme deux naufragé de la ville de Gênes. Leur histoire, ou plutôt le combat d'une vie, d'un amour fou, là aussi. Images Godariennes en plan coupé, une voix-off. Celle-ci, de son ton cassé et sirupeux, semblable à celle d'un petit enfant debout devant la fenêtre qui regarde la pluie tomber, s'insinue par bribes interposées: la magie du verbe, celui d'un livre publié en 1892 par un certain Gaspare Invrea, La Bocca del lupo. Il nous parle des exclus, des exclus de Gênes. «Enzo, c’est la douceur d’un enfant dans le corps d’un géant» voici ce que Mary cherche à nous prouver, sur une toile au fond d'un bar, entre le crépuscule et l'aurore: L'Eau à la bouche de Gainsbourg.


«Au-delà des apparences» en lingala, la langue dominante à Kinshasa. Oui, cette bande dégantée de paraplégiques musiciens on the road est à des années lumières de notre monde labellisé. Pourtant, sur l'asphalte ils peuvent dormir, ravager par le feu peuvent être leur maison, rien n'arrêtera leur désir d'ascension, la voix de la musique afro se portera "Trés trés fort!". Un exemple de vitalité, plus qu'une image de persévérance et d'espoir, une leçon de vie, en somme. Il faudra distingué le remarquable Roger, le petit garçon au satongé, capable de tirer toute la gamme d'une guitare à une corde fabriquée à partir d'un bout de bois et d'une boîte de lait en conserve.



dimanche 19 septembre 2010

Avoir une robe couleur du temps

Aujourd'hui, je vais vous conter trois de mes plus insolites expériences parisiennes, que j'ai eu la chance de découvrir en une même semaine, une semaine "soliloquée" : péniche-boîte de nuit, temple japonais-cinéma et caserne-théâtre renaissance italienne.


Je marche sur le quai, il fait nuit. Au loin, j'aperçois sa grosse cheminée rougeoyante dont les reflets irisés sur l'eau me regardent dans le noir. Traversant le ponton, croisière d'un soir? Je m'accoutume peu à peu à l'obscurité: je cherche où poser mes pieds. Une puis deux, cinq! j'ai trouvé leur repère, les chaussures bout-pointues vertes pommes pullulent sur le navire-feu et je me dis que cela irait fort bien avec mon attirail égouttoir-porte-savon.
Arandel fait son entrée. Un brin déganté ces avant-gardiste tutti-strumenti! Je suis là où tout est immobile et attend. Puis quelque chose monte, de plus en plus haut, le beat se répand à petits pas à l'intérieur du corps, tel le faisceau d'un scanner qui vous ausculte. D'un seul coup, un vacillement m'emporte, est ce la musique? Le bateau semble vouloir s'harmoniser avec le tempo, le planché oscille, d'imperceptibles remous accentuant le feeling musical. L'ensemble du système air est en transe"I understood how to feel the air, how not to just breathe the air, but to feel the air." comme dirait Derrick May.
Pour la deuxième fois, me voilà prise pour une anglaise (ou irlandaise?), gardiens des vestiaires pourquoi? Le batofar déteindrait-il sur moi de par ces origines (le Batofar était un bateau-feu irlandais)? Il se fait tard, le mal de mer, l'alcool peut-être, la fatigue sûrement. Le weed carrier du bateau (qui se trouve être un membre des Heretik System) me raccompagne jusqu'au bout de la nuit (Châtelet), dans Paris, nous marchons, il fait nuit. Il paraîtrait que je suis une fille "précieuse": "avec toi, seules deux alternatives sont possibles: pour une nuit ou bien c'est le mariage". Ce soir, ce sera le mariage ou rien. Ce fût rien. Le Noctilien me prit dans ses bras, et me berça, de cette mélodie jaillissant du plus profond de mon enfance, celle qui fût ma toute première expérience radio, dans un bus, à Orléans. Et qui à chaque fois me revient, en voiture ou en train, remémorée par l'infinité des sons qui jaillissent mêlés au vent sur la route des vacances.


Surgit au coin de la rue: vous êtes rue de Babylone. Cinéma baroque, quelques mysticités s'en émanent, serait il possèder par les dieux? Saupoudré d'une fine couche de poussière, telle une machine à remonter le temps, il semble parachuté, ici, tout droit sortie d'un Japon appartenant à l'ère Meiji. D'un exotisme rare, on s'y croirait. Pour respecter cette ambiance sacro-sainte, c'est un film asiatique qu'il faut y voir, un film d'une profonde légèreté, d'une délicatesse épurée, s'apparentant par sa forme aux estampes de ce dernier. Poetry.


Ancienne caserne, puis théâtre-bouffe, caché par une façade typique du nord parisien, un théâtre renaissance italien, dénudé. Comme si la dernière phase de restauration ne fût jamais achevée: de la pierre brute, des traces de peinture, un palimpseste murale. Quelques dorures subsiste, et on ne peut s'empêcher de penser à Klimt et à son goût pour les petites projections dorées de certains de ses tableaux. Puis, monsieur le singe-homme, à moins que ce ne soit monsieur l'homme-singe, entre en scène. Dénaturé, il n'est pas homme mais ne sera plus jamais singe. La seule liberté, c'est l'absence de conscience. Voilà ce qu'il faudra retenir de ce discours, mesdames messieurs les académiciens. Acrobate prodigue, corps désarticulé, la démonstration s'effectue à force de bananes et de Rhum. Je dis bravo!


Que cela soit clair, tout individu se permettant une comparaison avec le baron de Münchhausen sera jeter nu dans un trou à sangsues en offrande au Poisson-griffus, notre dieu tout puissant!

mercredi 15 septembre 2010

l'homme, "c'est du temps à deux pattes"

Le voyage de Chihiri. Poème en prose, épopée foisonnante, conte philosophique, véritable traversée du miroir onirique et romantique signée par Hayao Miyazaki. Mais comment expliquer le pourquoi du comment du merveilleux réalisme qui s'en dégage? A l'aide d'un Banh Bao bien sûr! Vous savez cette délicieuse brioche vapeur au porc. A ce jour, je n'ai de cette brioche qu'une unique expérience gustative. Mais cela a suffit pour me replonger dans l'univers de Chihiro. Notamment dans un passage qui se révèle être d'une extrême intensité psychologique.


C'est le moment où, consciente de la perte de ses parents et de l'inquiétante étrangeté du monde dans lequel elle se trouve, Chihiro se met à pleurer, désespérée près de Haku. Celui-ci, d'une conscience presque trop salutaire pour son chagrin, lui propose avec fermeté une brioche ovoïdale d'une blancheur immaculée.
Chihiro accepte et commence doucement à la manger. Puis ses bouchées s'agrandissent, si bien qu'on pourrait croire qu'elle essaie d'avaler un énorme coussin en une fois. A ce moment là, de grosses larmes perlent de ses yeux et roulent immanquablement le long de ses joues bombées.

C'est ce moment précis, de la brioche qui engendre les larmes. De la consistance de cette dernière. De l'onctuosité qui s'en émane. Aussi moelleuse qu'un canapé Togo, hymne à la paresse, dans lequel on s'affalerait volontiers en rentrant du boulot. Rien que de la regarder manger, on sent un réconfort physique qui se propage dans tout le corps. Justement, ce réconfort engendré par l'aspect visuel de cette brioche ne serait-elle pas le reflet du réconfort psychique que son ingurgitation procure sur Chihiro? Et on touche ici le point clé du travail de Myazaki.

Miyazaki a effectivement la caractéristique d'avoir un dessin organique, où la texture des choses est visuellement palpable (souvenez vous du chabus dans Mon Voisin Totoro!). Une sorte de viscosité dans le dessin. Comme si un agent texturant y avait été incorporé. Au même titre que le jeux des tiges de bambous sur le dos des bàn-bàn dans les campagnes chinoises, tout l'équilibre de ces films en dépend. Un véritable plaisir stéréoscopique comme dirait Ernst Jönger.
"Je goûtais à ce spectacle d'un des plaisir les plus rares qui soient, celui qui met en jeu des sensations que je nommerais stéréoscopiques. Le ravissement éveillé par une telle couleur repose sur une perception qui embrasse bien d'avantage que la pure couleur. Il s'y joignait dans ce cas particulier quelque chose qu'on pourrait appeler la valeur tactile de la couleur, une sensation d'ordre épidermique évoquant agréablement la pensée d'un contact."

La magie de Myazaki. Surtout pour ceux, comme moi, dont la prévalence d'un objet sur un autre (alimentaire ou pas) se situe dans ses attributs de texture bien avant ceux de goût ou de couleur.

Et Haku dont je ne peux à chaque fois m'empêcher d'être amoureuse (lui aussi, il est plus que "touchant").

samedi 11 septembre 2010

Gurkenzeit

Moi qui croyais avoir le monopole, que dis-je l'entière exclusivité, c'est à la dire la pratique absolu que ce curieux usage. Et bien non. Murakami aussi, avec un goût substantiel de la métaphore, en sus.

Cette coutume, à laquelle je porte un intérêt non négligeable depuis un âge relativement tendre, consiste à avoir toujours et en tout lieu un morceau de gurke, dans son sac. Mais pas un gurke n'importe comment. Non. Il faut qu'il soit directement coupé de l'entité mère, comme on se couperait un morceau de baguette, et c'est tout.

Seulement voilà, même si je n'aurai pas la prétention d'affirmer que Murakami partage ce commun usage (je le vois tout à fait, tout en écrivain, croqué rageusement dans son bout de gurke), mais en tout cas, il pourrait bien en avoir un certain penchant, et ses romans n'en sont que révélateur (quand même plus diététique que le beurre de Lewis Carrol, du moins pas de risque de s'en graisser les doigts en tournant les pages..)

Il ne me reste plus qu'à illustrer mon propos, à l'aider d'un choix restreint, quoique assurément avisé, de ses livres (il ne tient qu'à vous d'en lire d'autres, ne serait ce que pour vérifier ma théorie).

- Les amants du Spoutnik:
Véritable rival du Viagra en matière d'aphrodisiaque ou serait-ce une métaphore phallique à la Louise Bourgeois?
"_ Mais comment faire pour 'être à l'écoute', comme tu dis? Il ne suffit pas de penser au moment critique: Bon, maintenant, je vais être attentif, à l'écoute, pour que ça arrive tout seul sur un claquement de doigts? Tu ne veux pas m'expliquer les choses un peu plus concrètement?
_ Eh bien, d'abord, il faut garder son calme, ne pas s'emballer. En comptant, par exemple.
_ Quoi d'autre?
_ Tu peux aussi penser à des concombres dans un figo un après-midi d'été. Ce n'est qu'un autre exemple, bien sûr.
_ Tu veux dire..., commença Sumire, puis elle marqua une petite pause avant de continuer: ...que quand tu fais l'amour avec une fille, tu penses à des concombres dans un frigo?"



-La ballade de l'impossible:
Mieux qu'un inhibiteur de la recapture de la sérotonine-noradrénaline, il est capable de donner des envies de vie au plus stick-in-the-mud des dépressifs (ilaurait fallu en prescrire à haute dose à Osamu Dazai, cela lui aurait éviter bien des tentatives)
"Cela ne vous ennuie pas si je mange les concombres, parce que je commence à avoir faim," questionnai-je.
Le père de Midori ne dit rien. Je lavai les trois concombres dans le lavabo. Puis je versai un peu de sauce soja dans une assiette, roulai un concombre dans une feuille d'algue et le croquai allégrement après l'avoir trempé dans la sauce.
"C'est délicieux, vous savez, lui dis-je. c'est simple, frais, cela exhale le parfum de la vie. Ce sont de bons concombres. Si vous voulez mon avis, je trouve que c'est meilleur que des kiwis..."
Ayant fini de manger le premier concombre, j'entamai le deuxième. Le joli bruit que je faisais en le croquant se répercutait dans toute la chambre.
[...] "Voulez-vous de l'eau ou un jus de fruits? lui demandai-je
_ Concombre", me répondit-il.
Je ne pus m'empêcher de sourire.
"D'accord. Avec de l'algue?"
[...] "Wanabe, tu es vraiment extraordinaire, tu sais? me dit-elle avec admiration. Tu lui fais manger un concombre, alors que personne n'arrive à lui faire avaler quoi que ce soit. C'est incroyable, quand même!"
(nb: je suis complètement d'accord vis-à-vis des kiwis!)



- La fin des temps:
Pour certains, c'est le nutella, pour d'autres le chocolat mousse au chocolat Lindt Création ou encore les cookies Bonne-Maman, et bien il y en a pour qui, c'est du gurke. Chacun son petit TOC culinaire:
"Le vieux grignota un sandwich pendant que j'en avalais trois. Il avait l'air d'aimer le concombre, et ouvrait les tranches de pain pour saupoudrer d'un air consciencieux son concombre d'une importante quantité de sel avant de le faire craquer sous ses dents. A le regarder mâcher ainsi, un je-ne-sais-quoi en lui me faisait penser à un grillon bien élevé."
[...]
"J'avais à nouveau faim, et, suivant son conseil, j'avalais le reste des sandwichs. Le vieux ayant focalisé son appétit sur le concombre, il n'y en avait plus une seule tranche et il ne restait que du jambon et du fromage..."

Sûrement tout ça à la fois. Simple, frais, craquant...Avec quelque chose en plus, qui nous rapprocherait des poètes bhoudistes d'Extrême-Orient. C'est l'"Expérience" du Gurkenzeit. Et pour moi, ce haï-kaï en est la parfaite incarnation.
"Le moineau sautille sur la terrasse.
Il a les pattes mouillés"
On sentirait presque le parfum des aiguilles de pin humides...

vendredi 3 septembre 2010

fliegt, flog, ist geflogen

C'est décidé, plus tard, si j'ai un fils, il s'appellera Knut. Entendons nous: prononciation de l'exaltant timbre germano-germanique!

Cela commença par une belle matinée d'août, sur un coteau verdoyant bavarois. Une de ces pentes, localement dénommée "Hang", où l'on aurait simplement envie de s'allonger et, parallèlement, de rouler-bouler jusqu'en bas, pour le plaisir de sentir l'herbe fraîche se mêler à l'odeur de Monoï émanant de sa peau.

Munie d'un "plastike Tüte", d'un déploiement prisonnier de ficelles bariolées, il faut attendre le vent (Westwind gegen Talwind) les mains arnachées en position au-top-je-fais-de-la-corde-à-sauter.

Mais attention, l'ennemie guète, près à passer à l'assaut à tout moment: ce sera la guerre des Brumms. Leur delirium tremens aguiché par la savante odeur Tamaru-coco-vanille des protections héliosiennes sera-t-il être contré? Qui de Anti Bruum et de Autan sera le plus efficace dans cette guerre acharnée avec les Mukes?

Puis, le signal est lancé "schöne Arme locker lassen, start frei". Et d'un coup, un sentiment de flottement, celui-là même qui vous envahit lorsque vous êtes sur l'eau. Seulement ici, c'est les courants d'air qu'il faut maitriser, non les vagues. Bercés par les prodigues de Rodrigo y gabriela les nuages sont vos voisins.

"Durchbremsen", on revient sur terre, et on se dit il est bien plat ce pays: un instant, l'enfance se fait sentir, n'est ce pas un endroit fort approprié pour faire la roue? Retour à la réalité, il faut alors tirer sur les ficelles, remballer le Tüte, le projeter tel un sac de pomme de terre sur son dos et remonter.

Il ne reste plus que les douleurs visuelles des "blaue Flecken "ainsi que le grésillement de la voix de Knut retentissant par soubresaut à travers le Lautersprecher.

"Coline ist nicht so gewöhnlich, oder?"
"nein, aber Knut auch, oder?"
L'essentiel c'est que nos noms furent appréciés...