En ce mois de septembre estival, il se pourrait que le film documentaire supplante de loin le reste de ses commilitants à l'affiche. Certes, Les amours imaginaires de Xavier Dolan et l'Homme au bain de Christophe Honoré (tant attendus par moi-même) ne sont pas encore sortis, mais ils attendront octobre pour être jugés. Voici donc les sélectionnés:
Entrecoupé par le suivi de la vente de sa collection privée, Pierre Bergé raconte, par bribes, ce qui fût l'étoffe d'un génie. D'un génie, j'aurai tendance à dire comme ce qui caractérise tout génie, au psychique extrêmement fragile, d'une intense sensibilité. Visionnaire d'une époque "Avant Turner, il n'y avait pas de brouillard sur Londres" , tout est dit. Mais, loin d'être un simple portrait, c'est la révélation d'un soutient, véritable pilier de l'ombre qui surgit: celui d'un amour fou qui a tout permis.
_ un idéal de bonheur?
_ un lit, bien rempli.
_ une mort parfaite?
_ dans ce même lit...bien rempli (sourire, celui d'un enfant qui ne sait pas mentir après une grosse bêtise).
Les réponses d'Yves Saint Laurent au questionnaire de Proust.
J'eus l'impression de voir Sagan...
"Un savant contraste entre sublime (des demeures, des créations, des collections) et dépression qui fait tout le sel de ce film émouvant". Très bien dit!
Montage de plans documentaires, d'archives et d'extraits de films par le jeu d'un judicieux entremêlement de récit à la fois historiques et humains, c'est le portrait d'Enzo, récidiviste forcené aux moustaches à la Wallenstein, et sa compagne transsexuelle Mary, qui remonte à la surface, comme deux naufragé de la ville de Gênes. Leur histoire, ou plutôt le combat d'une vie, d'un amour fou, là aussi. Images Godariennes en plan coupé, une voix-off. Celle-ci, de son ton cassé et sirupeux, semblable à celle d'un petit enfant debout devant la fenêtre qui regarde la pluie tomber, s'insinue par bribes interposées: la magie du verbe, celui d'un livre publié en 1892 par un certain Gaspare Invrea, La Bocca del lupo. Il nous parle des exclus, des exclus de Gênes. «Enzo, c’est la douceur d’un enfant dans le corps d’un géant» voici ce que Mary cherche à nous prouver, sur une toile au fond d'un bar, entre le crépuscule et l'aurore: L'Eau à la bouche de Gainsbourg.
«Au-delà des apparences» en lingala, la langue dominante à Kinshasa. Oui, cette bande dégantée de paraplégiques musiciens on the road est à des années lumières de notre monde labellisé. Pourtant, sur l'asphalte ils peuvent dormir, ravager par le feu peuvent être leur maison, rien n'arrêtera leur désir d'ascension, la voix de la musique afro se portera "Trés trés fort!". Un exemple de vitalité, plus qu'une image de persévérance et d'espoir, une leçon de vie, en somme. Il faudra distingué le remarquable Roger, le petit garçon au satongé, capable de tirer toute la gamme d'une guitare à une corde fabriquée à partir d'un bout de bois et d'une boîte de lait en conserve.
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