mardi 6 juillet 2010

parce que le regard n'est plus la fenêtre de l'âme

Lucian

Quand le corps n'est plus que chair, chair magnifiée, chair réfléchie, une texture palpable, presqu'un monde à elle seule. Peindre "comme la chair". Telle était la devise de ce maître de la physionomie humaine, où l'essence de l'identité de l'homme se situe dans son corps, dans l'animalité de sa figure.

Tellement vraie, tellement crue, être nu dans toute son âpreté. Sous l'influence manifeste de son ami Francis Bacon, pour moi, je ne vois qu'Egon Schiele capable de rivaliser avec ce virtuose de la chair. (à noter cette incroyable ressemble physique )


Egon Schiele




Lucien Freud










Lucien Freud
Ces corps ont la particularité d'être intégrés dans des décors à "double perspectives" et bien souvent bancales.

Lucien Freud
Si bien que tout semble s'écrouler, sur cette chair, comme si l'intensité de sa vérité n'autorisait aucune autre présence de réel.




















Et il tourne...

A nouveau, des corps "en chair et en os", qui s'emmêlent, se rencontrent, s'effleurent, se cognent. Ils communiquent. Nus, ou presque, tableau onirique, où ses protagonistes, maculés d'or (insouciance et abondance de l'âge d'or?) semblent se perdre dans les émois qui les accablent. Chacun met en valeur un talent qui lui est propre, tout en créant une homogénéité collective, imperturbable. Magnificence du corps, encore une fois. Il faudrait souhaiter de semblables rencontres, dignes d'autant de grâce et de sensualité.

Et petit à petit se dessine le printemps de Botticelli...

Le printemps - Botticelli
Me voilà, seule, faisant quelques pas dans la nuit parisienne, comme l'expression corporelle d'un état de vie.
Confirmation d'un désir latent, je danserai.


Addendum
Une réponse: "Dans un beau nu, le corps se suffit" (Willy Ronis)

Willy Ronis