samedi 9 octobre 2010

Nÿa

Vert caca-d'oie. Une omniprésence. Un parterre, une table, un lit, du linge de maison. J'étais loin d'imaginer qu'une telle teinte pouvait avoir un si large panel de déclinaison. Surtout ne pensez pas qu'il suffirait d'un intérieur aménagé avec force de subtilité (par un jeu d'affiches de poneys évidement) pour nuancer ce vert-d'âtre. Non, cette vicieuse couleur absorbe tout, en véritable trou d'oie au gavage infini! D'accord, je conçois qu'un discret concurrent tente de la dépasser: le gris, du gris crème campus au gris bois flottant, du pâle et terne gris asphaltien, au gris coquillage ou chardon des pâturages. Charmante alternative, n'est-ce pas? Mais, au grand hélas, ce vert anatidéen diarrhéique demeure le cryptochromisme préféré de Villermé.

Résidence Villermé, entre 9m² de feuille de papier, avec ses voisins âgés (frôlant la sénilité (cessité?) pour certains) furtivement happés par les murs dès l'arrivée d'un étranger et décapsuleur invétérés de bouteilles de shampoings. Ses prises de terre chevrotantes qui vous restent dans les mains, sa baignoire sabot de cheval où prendre une douche devient un véritable exercice d'acrobatie, son placard chauffant (à défaut du reste) et, pour couronner le tout, sa lancinante odeur de riz mijoté. Des locaux, plus sinistres que glauques,
d'un suffocant ennui, d'une étroitesse d'esprit, au point que devenir misanthrope, acariâtre ou même bileux ne m'étonnerait point (vais je finir comme Des Essaintes? Au secours!).

J'arrête ici la déflagration, il s'agit de relativiser: n'est-ce pas le propre de sa condition d'étudiant que d'être trop plein de choses accumulées dans un endroit trop vide d'espace? Que de contrebalancer ce fadasse environnement avec brimborion et calembour d'esprit? Un tout en un, une vie dans une poignée de main. Oui, je dirais un quelque chose d'alchimiste. C'est comme le café, d'en aimer uniquement l'odeur.




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