La Trinité-sur-Mer. Une forêt de mâts, le calme plat.
La mer est d'huile, se laisse doucement chatouiller par la brise hivernale. La sotte, elle frémit.
Les pontons ont la couleur inversée du reflet des façades bretonnes que le soleil dessine sur l'eau. Le sot, il brille.
Petites planches de bois vagabondes, immeubles de la mer immobile tout comme l'eau. Cramponnés, trois oiseaux noirs. Trois gardiens, gardiens du mutisme et de la mort, de cet oubli que nous procure l'horizon. Ils attendent le nuage qui cachera le soleil. Et se taisent.
Les poules d'eau se prennent pour des canards en plastique, navigation automatique: attention marche-arrière. Parfois plongeurs, ils bourgeonnent furtivement de la surface extatique de la mer au visage lipidique.
Le calme simple et statique de l'ensemble du tableau contraste intensément avec l'agitation bondissante des mouettes qui piaillent, éparpillées en bande, du bastion au fronton. Dos-plat-bec pointé, quelles fouisseuses! Se prendraient-elles pour des bigorneaux perceurs? A elles seules, elles brisent le mur du silence, leurs jérémiades pourrissent l'éclat du soleil.
Un dodelinement de la tête, un échange d'œillades, le rétroviseur est pulvérisé. Et la journée restera suspendue à un craquement de chips.
La bourriche d'huîtres est dans la soute.
J'adore le "et la journée restera suspendue à un craquement de chips"!
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