Des tomates sur un corps de femme, tout ce que la chaire contient de charnelle. Sur une table, l’une tombe. Mais jamais ne se redressera. Vu de près, la peau est lisse, bombée, fraîche et éclatante de vitalité. Sans doute trop, hélas. Car de là viendra la blessure, la fourchette plus encore que le couteau, saccagera le fruit dont la fertilité se trouvera anéanti. Seul restera le scintillement de l’inox, inoxydable, regorgeant de superbe. Quelle autre finalité aurait donc pu avoir une tomate ? Son dessein n’est-il pas de finir découpé et mangé ?Quelle sacrilège d'abandonner un si bon fruit à la putréfaction de fin d'une vie! Une putréfaction qui, dans tous les cas, viendra de l’intérieur.
Ravissante métaphore qui ouvre ce film : une ode à la pugnacité de femmes vivant sous le gouge de la loi de l’islam. Des femmes dont la condition est entièrement dépendant de celle de l’homme. D’un homme. Auquel il leur faudra se marier. Le mariage est un contrat. Comme tout contrat, on discute des conditions avant sa signature. La liste des sacrifices est longue. Et moi, en échange, que recevrai-je, s'enquiert la femme ? L’homme lui répond d'un pincement des lèvres: un mari, oui un unique mari. Que voudrais tu de plus ? Tu es cinglé ma parole!
A travers quelques exemples, bien choisis, souvent violents, toujours extrêmes, le film dresse ici un portrait poignant de la condition de la femme dans les pays musulmans où la pression tant sociale que morale imprègne toutes les consciences. Il faut dire que les femmes elles-mêmes s’infligent un sorte insidieusement inculpé depuis leur tendre (ou pas) enfance, avant même qu’elles ne sachent parler. On leur a appris à se punir elles-mêmes. Et même cela, l’homme n’aura plus besoin de le faire.
Trois gouttes de sang sur un drap, une femme a perdu sa virginité contre son honneur, et le rouge de l’éclat des tomates meurtries.
Il se pose alors l'abstruse question de la contraception. Pourquoi la femme devrait elle être seule à la subir? à s’empoisonner une vie entière avec une pilule dont l’innocuité n’a jamais été prouvée ? Ne s’agit il donc pas là du meilleur exemple de perturbateur endocrinien, celui-là même tant récrié par les experts toxicologues ? S’en passerait-elle au prix de la permanente angoisse de tomber enceinte ? Se faire greffer un stérilet, corps étranger pour lequel elle devra ingurgité quantité d’immunosuppresseurs. Charmante alternative. Et l’homme, lui, resta ou plutôt se donnera le droit de rester à côté de la question. Bien que vivant en pays émancipés, cette inégalité illégitime dans les faits est trop profondément enracinée dans notre société. Qui osera la contester?
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