Tout est lié. Je ne sais depuis quand cet état de fait se manifeste à moi. Sans doute depuis cet âge métaphysique où le réel est saisie par interprétations fantaisistes et que rien ne fait écran entre soit et les questions de la vie et de la mort.
Un état de fait qui laisse à penser l'existence d'un possible destin, d'un cheminement aiguillé: peut-être le fil de cette chère Ariane?
Quand une chose apparaît et réapparait sous des formes variées, s'agissant aussi bien de celle du figuré que du figurant, plusieurs fois dans le temps. Lorsqu'un détail des plus anodins peut en l'espace d'un instant transfigurer le paysage de vos pensées pour y prendre une place redondante, quoi que plutôt rebondissante. Rebondissant, c'est bien le mot. Une idée s'échappe puis resurgit, comme un ricochet à la surface de l'eau, rebondit sur la "forme" pour en prendre une autre.
Une rencontre, imprévue: de femmes à l'oiseau
_ Miro. Sculpteur fantasmagorique méconnu. Explosion de l'atome dans la joie. Un monde où la femme est un univers à part entier, un espace d'infinie liberté. Tout comme l'oiseau. "L'oiseau fait penser à l'espace". Un espace immense, source intarissable d'inspiration. Telle une montagne sacrée se dévoilant au petit matin de sa brume ouatée, la féminité dans l'œuvre de Miro se dérobe et s'exacerbe . Une ode sensuelle à la déesse sculptée.
_ l'étrange affaire Angelica. Une femme morte, photographiée et aimée. Profondément ébaubi par sa beauté qui reprend vie, le protagoniste, photographiant bêcheurs et saintes trinités, cherche en vain à la retrouver. Pour cela, il faudrait que son âme puisse s'élever, s'envoler vers l'étreinte qui lui est proposée, que l'âme quitte le corps, bastion de la matérialité. S'évader, être aussi libre qu'un petit moineau, oiseau témoin de la présence fantomatique de celle qu'il chérit tant. Si celui-ci venait à mourir, c'est forcement que la rédemption d'Angelica-de n'avoir pu être à ses côtés-viendra de se terminer: elle l'aura donc abandonné au monde des corps pour rejoindre celui des âmes et de la douceur bleuté de la mort. Choisira-t-il de la rejoindre? L'oiseau prendra-t-il son envol?_ Le Corbeau d'Edgar Poe. Intrus inattendu dont la ritournelle laconique vient marteler la logorrhée désespérée de l'amant délaissé par sa bien-aimé. La métaphore de l'inébranlable désemparement qui vous saisit quand la présence de l'être aimé devient absence à jamais. Solennel, lui, le corbeau n'est pas près de le quitter. Noirceur infinie témoin du deuil inachevé.Trois femmes, un oiseau. Celui de l'espace, de l'envol, de la mort et du deuil de l'être aimé: d'une âme vagabondant entre vie et mort. Situations rétroactives, le futur grammatical de la nostalgie. Une liaison "qui projette un passé éploré dans un lointain avenir, qui transforme l'évocation mélancolique de ce qui n'est plus en la tristesse déchirante d'une promesse irréalisable" (Une Rencontre, Milan Kundera)Oui, là est sans doute l'explication de cette inexplicable liaison.
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