Je viens de voir Hiroshima mon amour. J'en suis toute bouleversée. Comme à chaque fois lorsque Marguerite.
L'amour, je n'y ai jamais cru. Ou plutôt, je n'y crois plus. "No more love for Celestine". Une croix qui a rayé tout mon être. "Ca n'existe pas, ni le temps d'en vivre, ni le temps d'en mourir", comme dirait Nevers à Paris . Une peur d'annihiler le soi et de retomber dans l'abîme du rien, souvenir de jeunesse...
D'où vient donc ce formidable adage sur un amour qui se devrait d'être doux, merveilleux et mystérieux? D'où ce piédestal prétentieux avec soi-même? Croire en cette vision n'est pas plus original que de dire qu'on aime les chats. Peut-être torture t on les gens pour leur faire dire cela? Ou bien n'est ce qu'un moyen de légitimé le mariage, de magnifier son conjoint pour pouvoir le supporter vie entière? Le cliché est sans doute nécessaire pour le concevoir dans toute sa durée, c'est un peu comme la religion en fait." l'amour est devenu un ready-made que chaque amant doit avaler". Les représentations populaires de l'amour ne sont que duperies. Il est bon de savoir que, non, il n'y a rien de doux en cela. Il s'agit seulement d'un accident de route, d'une maladie qui peut vous bouffer en entier.
Ce sont les tripes qui se nouent, la chaleur dans la froidure la plus vive, l'impression d'étouffer en respirant pleinement, l'envie de mourir et de vivre en même temps, être là et ne plus être: être hors. Mais surtout se demander si c'est bien ça, essayer de comprendre sans pouvoir jamais.
J'ai plus d'une fois dit non, ce ne peut pas être, ce n'est pas, ce ne sera jamais. Mais à chaque fois, alors que l'oubli est s'installe, tu reviens, comme une ritournelle. Le reste passe, disparaît, je n'en veux plus, seul toi survie à mon insu. Imposant, imposé. De grès? Que dois-je penser?
Seulement voilà, quand bien même le oui serait, de quel droit puis je en attendre le retour? Ce perpétuel questionnement, de la sordide jalousie naît l'angoisse débordante, une obnubilation démesurée à laquelle je ne puis me résigner. Je le sais, je ne suis rien et suis mille femmes à la fois, un bout de femme parmi la multitude. Unicité, j'en ai conscience, mais pourquoi? Comment alors renoncer à sa prévalence? Comment concevoir un détachement voulu sans être noyé dans l'armada de la chaire? Pourquoi ce don de la conscience si personne n'est là pour vous renvoyer son reflet? Le vertige du dépassement du décor nécessite le regard d'autrui pour éviter l'effondrement qui ne permettrait plus de jouer jamais. Une femme qui connaît les limites de sa suffisance, voilà ce que je suis.
Le pire, c'est que je doute encore.
Comment le dire? Je me trompe.
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